Les tourbillons d'une cascade
Technique

Comment photographier les cascades autrement ?

 

J’avais envie de les revoir, de les entendre, mais ce qui me manquait le plus chez elles, c’était leur pouvoir de guérison. Photographier les cascades m’apaise, me libère des tensions que j’accumule jour après jour, dans un quotidien où tout va toujours plus vite.

Non, je ne suis pas malade, enfin au sens strict du terme. Mais il m’arrive de souffrir de maux invisibles, plus sournois et aussi plus difficiles à combattre.

Le bruit en est un. L’agitation qui règne en ville se diffuse chaque jour dans mes oreilles, je n’y prête même plus attention. Et pourtant…Petit à petit, il m’empoisonne lentement, il s’installe et sabote mon organisme.

Peu de personnes s’en rendent compte, mais beaucoup de stress est lié au bruit.

Maintenant, imaginez une cascade. Une petite cascade, perdue dans la forêt. Vous l’entendez ?

Non, elle ne fait pas de bruit, elle chante.

Et les animaux de la forêt répondent à sa musique. Tout est harmonieux.

Vous comprenez maintenant pourquoi je vais régulièrement leur rendre visite ? Passer une journée près d’elles, à les photographier, remplace tous les médicaments du monde.

Vous ne faites plus de la photo, vous suivez une thérapie. Naturelle.

Je vais vous montrer ce que je préfère chez elles, lorsque je pars photographier les cascades. Je parle des petites cascades. Oui, parce que près de chez moi, je n’en ai pas de grandes sous la main…

Ce que je préfère chez elles, ce ne sont pas forcément leur forme, mais l’effet qu’elles produisent. Je vous en reparle tout de suite.

Et puis j’aime bien le côté intimiste des petites cascades perdues dans la forêt, connues seuls des randonneurs et des amoureux de la nature. Celles-ci ne se trouvent pas à proximité d’un parking, il faut marcher pour les atteindre.

Les touristes ne les connaissent pas, elles ne sont pas « instagramables ». Enfin, pas encore…

 

Photographier les cascades et leurs tourbillons

 

photographier les cascades
Photo Stef Kocyla

Voici ce que je préfère chez elles : les tourbillons qui se forment à certains endroits, invisibles à l’œil nu mais pourtant bien présents.

Tout le monde ne saura pas les photographier, parce qu’il faut d’abord savoir les voir.

En fait, qu’est-ce qui forme ces tourbillons ?

Ce sont de petites bulles d’air, mélangées à des débris organiques qui vont s’accumuler à la sortie d’une petite cascade et qui vont tourner sur elles-mêmes en fonction du courant de l’eau.

Ils ne se forment donc pas n’importe où. Et peuvent apparaître, ou disparaître, en fonction de la quantité d’eau selon les saisons.

Pour les voir, il faut savoir à quoi ils ressemblent à l’œil nu. Il faut donc repérer des bulles d’air à la surface de l’eau, qui tournent lentement sur elles-mêmes.

Oui, parce que l’autre difficulté, c’est qu’il faut un mouvement. Un tourbillon est visuellement un mouvement circulaire. Parfois, il y a un mouvement, mais pas en cercle…

Il faut aussi que le fond de l’eau, le sol, forme une sorte de récipient, de manière à former un bassin dans lequel tournoient les petites bulles.

Sinon, les bulles peuvent se déplacer en lignes droites, ou n’importe comment, mais pas en cercle.

Il n’y a qu’un seul moyen d’en avoir le cœur net : faire la photo.

Et là, il faut un minimum de matériel.

Oui, puisque le mouvement est lent, alors il va falloir ralentir encore plus le temps d’exposition.

Autrement dit, en pleine journée, il faut des filtres.

L’avantage de la forêt, en tous cas en été, c’est que le feuillage des arbres joue déjà le rôle d’un premier filtre.

Donc pas besoin d’un filtre ND1000, pour ma dernière sortie, un ND8 suffisait (=3 STOPS, le ciel était partiellement couvert).

Je trouve que l’effet du tourbillon est plus esthétique avec une exposition pas trop longue, de l’ordre de quelques secondes, 10 tout au plus…Mais cela dépend aussi de la vitesse à laquelle tournent les bulles…

Le danger avec des temps d’exposition plus longs, c’est de surexposer l’eau. J’utilise donc l’histogramme, en exposant à droite, dans les hautes lumières, ainsi je ne perds aucune information, ni dans les blancs, ni dans les noirs.

 

photographier le tourbillon des cascades
Photo Stef Kocyla

Mon conseil, c’est de ne pas y aller aux levers et couchers du soleil, mais en pleine journée ! Oui, je sais, c’est contre-intuitif, mais pour une fois qu’on peut faire des photos en plein midi… Autant en profiter…

J’ajouterais même qu’il vaut mieux y aller en plein midi. Le soleil est alors à son niveau le plus haut dans le ciel, et avec de la chance, des rayons transperceront peut-être les arbres pour illuminer votre scène.

Vous pouvez vraiment bénéficier de conditions de lumière extraordinaires en pleine journée.

Vous pourrez peut-être aussi jouer avec le rétro-éclairage, qui diffusera une belle lumière à travers les feuilles des arbres par exemple. J’aime bien me servir de ce type de lumière en automne…

Le filtre polarisant vous permettra de couper tous les reflets sur l’eau, mais aussi sur les surfaces humides comme les feuilles ou les rochers.

C’est fou ce qu’il y a comme reflets dans la nature…

 

Mais revenons à nos tourbillons…

 

Les tourbillons des cascades
Photo Stef Kocyla

Donc pour faire un beau tourbillon, il faut des bulles d’air à la surface de l’eau, un œil averti, des filtres, et puis…une belle perspective.

Les tourbillons auront (en général) un plus bel aspect s’ils sont photographiés depuis un point de vue en hauteur par rapport à la surface de l’eau.

Plus vous abaisserez votre angle de prise de vue, plus la taille et l’effet du tourbillon sera atténué.

Mais comme toujours en photographie, c’est une histoire de compromis.

À vous de tester et d’expérimenter ce qui fonctionne le mieux. Trouvez le bon dosage entre une belle perspective, une composition équilibrée, un beau mouvement, la lumière qui va bien, etc…

Je peux passer des heures à photographier des cascades, sans bouger de quelques mètres.

Les possibilités sont quasi-infinies.

Oui, vous ne ferez jamais deux fois la même photo. Oui, même si vous ne bougez pas votre trépied d’un pouce !

Pourquoi ? Tout simplement parce que les tourbillons n’ont jamais les mêmes formes. Ils varient toujours d’une prise de vue à l’autre.

Comme lorsque vous photographiez les vagues, il n’y en a jamais deux identiques.

Vous pouvez donc littéralement faire des milliers de photos sans faire les mêmes.

Je vous conseille bien sûr d’en faire beaucoup pour cette même raison : vous ne savez jamais à l’avance quelle photo sera votre préférée.

Surtout pas en la visionnant rapidement sur l’écran de votre appareil. Non, pour cela, il faut attendre de les visionner sur un véritable écran.

Lorsque vous aurez téléchargé toutes vos photos dans Lightroom, vous pourrez vous rendre compte de celles qui fonctionnent le mieux.

Cela veut donc dire autre chose : ne supprimez jamais vos photos sur votre appareil (sauf les photos que vous êtes certains d’avoir raté).

Parfois vous aurez l’impression que la photo n’est pas réussie, mais en la regardant à nouveau sur un écran plus grand, en la travaillant un peu dans Lightroom ou Photoshop, vous pourrez peut-être en tirer quelque chose de bien…

 

Les tourbillons d'une cascade
Photo Stef Kocyla

D’ailleurs, n’hésitez pas à me dire dans les commentaires si vous souhaitez que j’explique comment j’ai fait pour développer et retoucher mes photos.

 

Conclusion

 

Une fois n’est pas coutume, je vous propose de faire des photos différentes de celles que l’on voit d’habitude. Même si j’aime beaucoup photographier les cascades pour leur beauté intrinsèque, je trouve que parfois, il ne faut pas en faire le sujet principal de la photographie.

C’est aussi leur faire raconter une autre histoire.

Aussi parce que les petites cascades ne sont pas forcément photogéniques, elles n’attirent pas tout de suite le regard.

Je suis certain que les randonneurs qui m’ont vu, se sont demandé ce que j’étais en train de photographier…

Je les entendais se demander « Pourquoi diable photographie-t-il ce filet d’eau, qu’est-ce qu’il lui trouve à cette toute petite cascade… ? »

S’ils pouvaient voir le résultat en images, ils comprendraient…

13 Comments

  • Cécile

    Le rendu est incroyable. Ça me donne très envie d’essayer…faut juste que j’investisse dans des filtres.
    Merci pour tes explications très claires et tes belles photos.

    • Stef Kocyla

      Merci beaucoup Cécile, oui c’est un très bon investissement, un petit conseil avant d’acheter des filtres haut de gamme onéreux, tu peux en trouver d’occasion en très bon état et beaucoup moins chers, histoire de voir ce qui te plaît le plus. Ensuite, tu peux progressivement t’équiper avec du meilleur matériel. En tous cas n’hésite pas si tu as besoin de conseils !
      À bientôt !

  • lilian

    salut steph belle article , l automne avec les feuille qui tombe les filet oranger que ca produit sont superbe , en rivière ou lac aussi j aime aussi beaucoup me servir du font des rivières avec l utilisation du filtre polarisant , la photo de rivière et comme tu la dit jamais pareil même en revenant plusieurs fois au même endroit

    • Stef Kocyla

      Salut Lilian, oui vivement les couleurs de l’automne ! À chaque fois que j’utilise le filtre polarisant, quand c’est possible, je suis toujours aussi bluffé par l’effet qu’il produit…C’est vraiment un filtre magique ! Avec les pluie d’automne qui arrivent (enfin j’espère !), le visage des rivières et des petits cours d’eau va changer, autant de nouvelles possibilités !
      À bientôt !

  • gobois64

    Salut Stef, voilà encore un article que je vais relire car il est très intéressant ! Ta façon de procéder est très complète et claire. Tes effets de tourbillons sont superbes et comme tu le dis c’est faire raconter une autre histoire à ces petites cascades qui longent nos rivières. Bonne continuation à toi !

    • Stef Kocyla

      Salut Gérard,
      merci beaucoup pour ton message, je suis vraiment ravi que tu apprécies les tourbillons, moi je les découvert il y a quelques années presque par hasard…Je ne lasse pas de leur effet hypnotisant !
      À bientôt !

  • Olivier

    Super article et superbes photos. Ça donne envie de quitter le bureau et aller à la cascade la plus proche!
    Jamais réussi de tourbillons comme ceux que tu présentes, mais je vais m’y attacher maintenant, ça a une toute autre allure.

    Complètement d’accord sur le côté thérapeutique des cascades ,et de la photo de paysage (pour le peu qu’on évite les lieux Instagram) en général.

    A bientôt

    • Stef Kocyla

      Salut Olivier,
      merci beaucoup pour ton message, je suis certain qu’il y en a chez toi en Bretagne…Les pluies d’automne vont donner naissance à de nouveaux petits cours d’eau, c’est idéal pour expérimenter ce genre de photographie ! Pourvu que ces endroits demeurent encore un peu secret, à l’abri des insta-touristes ! À bientôt !

  • Pierre

    Super article, et photos au top. Franchement, j’aime bien cette façon de voir les choses, qui va parfois à contre-courant de ce qu’on lit d’habitude : photos en pleine journée, au plus fort du soleil, ne pas effacer les photos qui « semblent » ratées sur l’écran arrière de l’appareil, voir ce qu’on peut tirer d’un cliché pas forcément au top… J’aime vraiment cette approche, qui pour moi prône plus le plaisir que la technique pure et dure.

    • Stef Kocyla

      Merci beaucoup Pierre, j’essaye en effet de privilégier le plaisir et la créativité, parce qu’au fond, c’est pour cela que nous faisons de la photographie. Les réglages ne sont que des outils qui servent à nous exprimer…Je suis vraiment ravi que vous ayez aimé ce que vous avez vu et lu, merci encore !

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