retouche photo
Post-traitement

Les 5 signaux qui doivent vous alerter sur votre retouche photo

 

Quand j’ai commencé la photographie, je ne retouchais pas mes photos.

Comme beaucoup de monde, j’ai acheté mon premier reflex numérique en pensant que je détenais la solution pour réussir toutes mes photos. Puis j’ai sélectionné le mode automatique et j’ai pris des photos. Certaines étaient réussies, c’est vrai, mais beaucoup d’entre elles étaient ratées…

J’ai appris à maîtriser mon appareil en mode manuel et j’ai commencé à retoucher mes photos.

Ce jour-là, j’ai franchi un cap.

Mes progrès ont été vraiment spectaculaires, les différences entre les photos de mes premières années et les photos les plus récentes étaient flagrantes. Mais il en restait toujours un certain nombre dont je n’étais pas satisfait.

La raison, je ne l’ai pas découverte tout de suite. Mais elle n’était pas liée à la prise de vue.

Elle était liée à ma façon de retoucher mes images.

Comme pour apprendre à maîtriser mon appareil photo, comme pour apprendre à composer mes images, j’avais appris à les retoucher sur le tas. Et parfois, sans m’en rendre compte, je ratais mon post-traitement parce que j’allais trop loin dans ma retouche photo. L’erreur classique du débutant. Mais ça, je ne m’en suis aperçu que plus tard…

C’est qu’il n’y a pas vraiment de règles en retouche photo, on entre dans le monde de l’interprétation que chacun peut avoir du monde qu’il capture en images.

Mais j’ai tout de même identifié 5 signaux qui doivent vous alerter sur une retouche photo trop poussée. 5 situations où vous avez eu la main un peu trop lourde…

Alors si vous voulez gagner du temps pour réussir votre retouche photo, soyez attentifs à ce qui suit…

 

  1. Les hautes lumières et les ombres

 

J’ai mis un moment avant de m’en rendre compte dans ma retouche photo, mais le soleil brille et les ombres sont sombres. La nature est ainsi faite.

La lumière du soleil est très puissante, et les hautes lumières de nos photographies sont parfois brûlées lorsqu’on photographie le soleil directement. Et c’est normal ! Quoi de plus normal que la lumière aveuglante du soleil ?

Le problème, c’est que lorsqu’on retouche les hautes lumières, on a d’abord tendance à les diminuer.

Nous baissons le curseur pour diminuer l’intensité de ces lumières.

Pourquoi ? En fait, je ne sais pas trop, peut-être pour montrer certains détails cachés dans ces hautes lumières ? Bref, ce n’est pas là où je veux en venir. Le résultat de cette manipulation, c’est que c’est vraiment moche à regarder…

Vous savez, un peu comme dans les photos HDR vraiment ratées…

Il se crée alors une tonalité qui n’est pas réaliste, en tout cas qui s’éloigne de notre perception de la lumière du soleil. Les hautes lumières deviennent jaunâtres, et en fait dénaturent la scène.

Plus que tout, l’image devient plus plate. La dynamique étant beaucoup plus faible dans cette situation, il en résulte un aspect plus lisse, qui manque de corps.

Personnellement, je n’hésite plus à faire l’inverse sur certaines de mes photos.

Au lieu de baisser les hautes lumières, je les augmente. Je cherche au contraire à renforcer la puissance de la lumière du soleil, je cherche à donner plus de dynamique à mon image.

Idem avec les ombres. Au début, on a tendance à bien les déboucher.

Et cela mène parfois à des résultats aussi irréalistes que dans le cas des hautes lumières. Parce que les ombres sont sombres par nature.

Malgré ses grandes capacités, notre œil ne perçoit pas les détails dans les grandes ombres non plus. Il met un temps à s’adapter à l’obscurité, et lorsqu’il y a beaucoup de différences de luminosité, il ne peut pas percevoir tous les détails des hautes lumières et des ombres.

Là où avant j’avais tendance à bien les déboucher, pour révéler tous les détails qu’elles cachaient, maintenant je n’y touche presque plus. Je peux même les accentuer dans certains cas. Comme pour les hautes lumières, certains détails ne doivent pas être vus, mais suggérés.

Il faut laisser place à l’imagination dans l’esprit de la personne qui regarde votre photo.

Lorsque vous apercevez tous les détails cachés dans ces zones de hautes lumières et d’ombres, c’est qu’il est grand temps de vous arrêter. Vous êtes déjà allés beaucoup trop loin…

 

  1. Le contraste

 

retouche photo
Photo Stef Kocyla

 

Voici un autre curseur à manipuler avec précautions : le contraste.

L’excès de contraste peut vraiment endommager votre photo. C’est d’ailleurs un outil que je n’utilise plus.

Je vous expliquerai après ce que je fais pour agir sur le contraste de mes photos. Mais d’abord, voici pourquoi vous devez y faire très attention : il crée, lorsqu’il est poussé trop fort, un halo presque imperceptible autour de certaines zones de l’image, les zones situées à la frontière entre les hautes lumières et les ombres.

Au début, on ne les remarque pas, mais avec l’expérience, ces halos deviennent vraiment visibles et quand on les a remarqués, on ne voit plus qu’eux…

Maintenant, comment faire pour éviter cela ?

C’est simple, utilisez ce curseur avec des pincettes. Ou bien ne l’utilisez plus, et faites comme moi, accentuez le contraste général de la photo en utilisant les curseurs des blancs et des noirs. Vous pourrez ainsi mieux contrôler la quantité de contraste en fonction de votre image et des zones sur lesquelles il faut agir.

L’autre inconvénient de ce curseur, c’est qu’en le poussant, vous accentuez aussi la saturation des couleurs.

Et ça, vous ne le voulez pas forcément. Parce que ce n’est pas joli. En fait, le curseur contraste, c’est un rouleau compresseur.

Je préfère utiliser des outils plus précis pour ça. J’utilise aussi beaucoup la courbe des tonalités, qui est un outil encore plus précis pour manipuler les différentes tonalités de l’image, les tons clairs, les tons moyens et les tons sombres. Mais leur utilisation mérite un article entier, je laisse donc cela pour plus tard.

Si ça vous intéresse, n’hésitez pas à me laisser un commentaire.

 

  1. La netteté et la clarté

 

Voici encore 2 curseurs dont vous devez vous méfier. Parce qu’ils ont des effets pervers.

Mais qui ne rêverait pas de sauver une de ses photos floue en la rendant nette d’un coup de baguette magique ? Ou plutôt d’un curseur magique ? Oui, tout le monde en rêve, mais cela ne restera qu’un rêve.

Parce qu’une photo floue à la prise de vue ne deviendra jamais nette au post-traitement. C’est un mythe.

Le danger, c’est de pousser ce curseur un peu trop fort pour essayer de compenser le manque de netteté de l’image. Le résultat ne sera pas joli.

Non seulement l’image ne sera pas plus nette, mais en plus elle aura un aspect « plastique », artificiel, encore une fois un peu comme dans un mauvais HDR. Les contours des éléments de l’image seront lissés et n’auront pas un aspect naturel.

La moralité ? Faites des photos nettes dès la prise de vue. C’est un prérequis.

Ensuite, vous pouvez affiner l’apparence de l’image, mais jamais en tombant dans l’excès, sinon cela ne sera pas authentique.

Maintenant voyons le curseur clarté. Celui-là est très puissant aussi.

Après le rouleau compresseur du contraste, je vous présente le Bulldozer clarté.

Lorsque vous le déplacez vers la droite, il clarifie tout, pour le meilleur et surtout pour le pire. Oui, parce qu’il accentue aussi les détails et la texture des éléments de votre image, et cela peut vraiment devenir quelque chose de franchement moche.

Les choses de votre image prennent alors une apparence bizarre, fausse, irréelle, comme en toc. Mais quand vous vouliez agir justement sur la texture des éléments, ce curseur était le seul moyen de la révéler. Il fallait y aller là aussi avec des pincettes…

Mais ça, c’était avant ! Avant la création par l’équipe d’Adobe du curseur Texture, que j’ai présenté dans cet article.

Donc plus d’excuses pour jouer avec la netteté et la clarté de vos images, dès que ça semble faux, c’est que vous avez exagéré.

 

  1. La réduction du bruit

 

retouche photo
Photo Stef Kocyla

 

Dans le même genre, on trouve aussi les curseurs de réduction du bruit.

Là aussi, au début, je pensais avoir trouvé un curseur magique, qui d’un coup de baguette faisait disparaître tout le bruit numérique de mes images.

Erreur, grave erreur, comme avec le curseur netteté, la réduction du bruit a ses limites.

Si votre image contient trop de bruit à la création de l’image dans votre appareil, vous ne pourrez pas le supprimer totalement au post-traitement. Et si vous essayez, vous obtiendrez là aussi un résultat vraiment moche.

Je pense même qu’une image avec du bruit peut être plus jolie (disons plutôt moins moche…) qu’une image dont le bruit a été effacé mais dont les détails ont aussi été effacés ! Parce qu’en poussant ce curseur, vous supprimez le bruit, mais vous supprimez aussi les détails de votre image.

Que faire alors ? Et bien comme pour la netteté, faites attention au niveau des ISO que vous utilisez à la prise de vue.

Chaque boitier possède ses propres limites, un seuil au-delà duquel le bruit ne sera plus géré correctement et qui dégradera vraiment l’image. Ce curseur est à manipuler avec précaution, lorsque vous avez un peu de bruit dans votre image.

Mais il ne fait pas de miracles….

 

  1. La balance des blancs

 

Vous pensiez peut-être que j’allais vous parler du curseur saturation ? Perdu !

Oui, il est bien sûr évident que c’est le curseur à ne pas prendre à la légère, mais ça, vous le savez déjà…

Non, je préfère vous parler d’un autre curseur qui peut avoir son importance dans la colorimétrie de vos images.

Et c’est un réglage qu’il faut faire AVANT de gérer les couleurs de l’image.

Parce que lorsque vous modifiez les couleurs de votre image sans toucher à la balance des blancs, c’est un peu comme jouer à la loterie. Vous êtes souvent perdant…

Les couleurs sont difficilement manipulables et ne correspondent pas à ce que vous voulez obtenir. Dans ce cas, c’est que vous avez trop poussé les couleurs, mais certainement aussi que vous n’avez pas réglé la balance des blancs au préalable.

Vous savez, c’est ce réglage que vous pouvez vous dispenser de faire à la prise de vue ?

Oui, parce que pour une fois, vous pouvez le rectifier au post-traitement (vive le RAW !).

Ce curseur, qui vous permet donc de régler la température de couleur de votre image, est super important. L’idée est de trouver une zone dans votre image dont les tons sont neutres (idéalement le fameux gris 18%).

Retenez bien que l’œil humain considère ces tons neutres comme réalistes. Si vous modifiez la saturation (ou la vibrance d’ailleurs !) des couleurs et que cela altère les tons neutres de votre image, celle-ci ne semblera pas réaliste.

Il est donc important de régler AVANT votre balance des blancs à partir d’un ton neutre.

En photographie de paysage, nous avons de la chance, les tons neutres se trouvent dans beaucoup d’éléments, tels que l’eau, les nuages, le brouillard, la neige, les étoiles, certains bâtiments

En fait, les tons neutres servent d’étalon au reste de la palette des couleurs.

Si vos tons neutres sont bien neutres, alors vous aurez beaucoup plus de marge de manœuvre pour gérer le reste des couleurs, sans que cela ne semble pas naturel ou ne « sonne faux ».

Si la colorimétrie vous intéresse, je vous invite à lire l’article et à revoir la vidéo que j’ai déjà faite à ce sujet.

 

Conclusion

 

Lorsqu’on regarde une photo trop retouchée, on ne voit plus le contenu de la photo, ni son message, ni les émotions qu’elle peut transmettre, lorsqu’on regarde une photo trop retouchée, on ne voit plus que la retouche…

Moi aussi j’ai été coupable de ces excès, il y eu des moments où j’ai franchement exagéré ma retouche photo.

Mais comme l’a dit Bouddha : « Si la corde est trop tendue alors elle casse, si elle est trop détendue alors elle n’émet aucun son. »

Il faut donc trouver le bon dosage, le bon équilibre pour éviter que la retouche ne se voit…trop.

La retouche réussie est celle qui ne se voit pas.

Souvent dans la vie, ce qui est difficile à faire, c’est de savoir dire stop. C’est aussi vrai pour réussir votre retouche photo.

14 Comments

  • JEAN-FRANÇOIS DAMON

    Bonjour Stef j’ai moi aussi perdu l’habitude de regarder mes clichés rapidement car a cause de cette précipitation j’ai gâché des photos ,donc j’enregistre mes photos je les »laisse reposer « puis je traite avec parcimonie pour ne pas faire a la chaîne,voilà ma méthode(je ne suis pas un pro,il n’y a que 3 ans que je m’intéresse a la photo!).

    • Stef Kocyla

      Bonjour Jean-François,
      je te comprends, tu as raison, le mieux c’est encore de prendre le temps de retoucher ses photos, de laisser passer quelques heures, voire quelques jours entre les retouches. Et ne pas publier le même jour les photos que l’on retouche.
      Merci de ta visite et à bientôt !

  • thierry magi

    Bonjour Steph ,Je crois qu’on passe tous par ces phases d’expérimentations , on tatonne et on commet tous les mêmes erreurs c’est seulement avec le recul et l’analyse de nos images que l’on constate cela !! J’ai souvent le défaut de partager mes images trop tôt , et bien souvent je retouche mes photos à nouveau avec du recul . Un article interessant !!

    • Stef Kocyla

      Hello Thierry, oui, c’est tout à fait ça ! Je pense que certaines photos, les plus anciennes, méritent que l’on reviennent dessus parce que notre façon de les retoucher évolue dans le temps. Et parfois, ça peut donner de belles surprises !
      Merci beaucoup et à bientôt !

    • Olivier

      Hello Stef,

      Autant chaque curseur me semble »facile » (enfin, je vois à peu près ce qui me convient) à gérer séparément, autant harmoniser tous les effets est un sacré et difficile travail! Sans parler de tenter de faire transparaître ses émotions et y retracer le souvenir du moment (souvent déformé par l’émotion ressentie, en plus).
      Effectivement, revenir sur d’anciennes photos est une excellente idée (ou passer plus de temps sur certaines, plutôt que de vouloir tout traîter, je pense que dans mon cas il y a un gros boulot à faire sur le tri préliminaire au traitement :)).
      A bientôt 🙂

      • Stef Kocyla

        Hello Olivier,
        oui, d’un côté, c’est l’interaction entre les différents curseurs et outils qui est long et complexe à maîtriser et de l’autre, connaître la vision de ce que tu veux exprimer à l’aide de ces outils. Autrement dit, il faut d’abord se poser la question « quoi exprimer ? » avant la question « comment ? » l’exprimer. Et puis laisser passer du temps entre les retouches pour s’assurer que l’on ne fait pas fausse route…
        Merci de ta visite et à bientôt !

  • gobois64

    Bonjour Stef,
    je viens de visionner ta vidéo et de lire ton article, le point concernant la balance des blancs m’a intéressé car je la touchais que très rarement. Après les autres réglages comme la clarté et la netteté je vais expérimenter quand j’aurai trouvé leurs équivalents sur Luminar4 car je n’ai pas Lightroom. Grâce à ton article je crois que je vais retourner voir mes anciennes photos et en sélectionner quelques unes pour les retoucher en m’insiprant de tes conseils. Merci Stef et bonne continuation !

    • Stef Kocyla

      Bonjour Gérard,
      oui, j’espère te faire gagner du temps lorsque tu testera les curseurs équivalents sur Luminar4. Très bonne idée de reprendre quelques anciennes photos et de leur donner de nouvelles retouches, parfois certaines photos que l’on avait pas su bien retoucher à l’époque retrouvent une nouvelle jeunesse aujourd’hui avec l’expérience.
      Merci beaucoup Gérard et à bientôt !

  • Eric

    Tout à fait d’accord avec toi, merci d’avoir confirmé ce que j’avais remarqué

  • Lilian

    Salut Stef très intéressant comme d habitude , ce qui nous amène toujours a la même chose bien exposer et utiliser des filtres ( pour moi en tout les cas ) pour ne pas trop avoir a forcer sur les curseurs , perso je traite toujours mes photos le jours même de la prise ( surtout pour retenir les photos finales ) mais ne publie jamais le premier jours, j y revient toujours le lendemain ou quelques jours après

    • Stef Kocyla

      Salut Lilian,
      oui, c’est une bonne habitude que tu as là, revenir plus tard sur tes retouches est plus sage, avec un oeil neuf on voit tout de suite ce qui ne va pas. Prendre son temps est la clé encore une fois !
      merci de ta visite et à bientôt !

  • julie

    Merci beaucoup pour cet article très instructif 🙂
    J’ai découvert Lightroom depuis moins d’un an et j’essaie d’améliorer mes connaissances en retouches photos et tes articles tombent à pic !

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.