sortie photo
Conseils

Pourquoi vous ne devez pas préparer votre sortie photo

 

On vous rabâche souvent, moi y compris, que vous devez bien préparer votre sortie photo. Comme si cela vous garantissait de faire de belles photos…

Mais c’est faux.

En fait, ce n’est pas toujours vrai, c’est un mythe. Une idée reçue.

Je lui ai même tordu le cou lors d’une de mes dernières sorties, en Provence. J’ai juste choisi un périmètre, et fait attention à la météo. C’est tout.

Et vous savez quoi ? Les photos que j’ai faites ce soir-là sont parmi mes préférées.

Mais il y a plus que ça. L’enseignement majeur que je retire de tout ça, c’est que j’y ai pris plus de plaisir qu’en préparant mes sorties. Je suis de nouveau parti à l’aventure…et j’ai adoré ça !

 

  1. Laissez une place à l’inattendu

 

Quand j’étais jeune, j’aimais beaucoup assister à des matchs d’improvisation. J’étais fasciné par la faculté des comédiens à improviser, juste à partir d’une phrase, toute une scène de théâtre.

Les deux équipes s’affrontaient dans des combats de pure créativité. C’était génial.

Au final, un arbitre et le public désignaient les vainqueurs.

Vous voyez le parallèle que je veux faire avec la photographie ?

Oui, on peut aussi improviser en photographie de paysage. Il ne tient qu’à nous de ne pas vouloir tout contrôler.

Laisser une place à l’inattendu pendant la sortie photo.

Nous sommes des comédiens. Nous avons la chance d’avoir un théâtre naturel, grandiose, spectaculaire. Alors qu’attendons-nous pour nous éclater en improvisant notre propre rôle ?

Le but, derrière ce mode de fonctionnement, c’est (re)trouver une meilleure créativité. Parfois, à trop vouloir cadrer les choses, à trop vouloir calculer, on perd en spontanéité.

On se crée une zone de confort. On ne prend plus de risques.

Et ça, c’est dangereux. Oui, paradoxalement, ne pas prendre de risques est dangereux.

Dangereux pour notre créativité. Parce que le terme créativité vient du mot « création ». Pas d’imagination, pas de rêves = pas de créativité.

Alors quand vous sentez une baisse de régime de ce côté-là (ça nous arrive à tous), vous pouvez (re)lire l’article que j’avais déjà écrit à ce sujet, mais vous pouvez aussi vous poser cette question :

« Ais-je besoin de tout contrôler ? »

La question est purement rhétorique…

Bien sûr que non.

Alors lâchez prise et partez à l’aventure !

 

  1. Le voyage est plus important que la destination

 

sortie photo
Photo Stef Kocyla

 

J’aime beaucoup cette phrase du philosophe Paulo Coelho : « Vous pensez que l’aventure est dangereuse ? Essayez la routine, elle est mortelle. »

Oui, nous avons tous besoin de repères, de cadre. C’est ce qui nous procure du confort et de la sécurité. Et c’est justement pour ça qu’il faut s’en affranchir de temps en temps.

Pour sortir de notre zone de confort.

Je me rappelle pourquoi j’ai choisi la photographie de paysage. Et pas la photographie de portrait, de mariage ou de rue.

Parce que j’aime par-dessus tout me retrouver seul, dans la Nature. Libre.

Je sors alors de ma zone de confort. Je ne contrôle plus tout, je deviens acteur de ma propre destinée. Je trace mon chemin.

Pendant ma sortie photo, c’est moi qui décide de ce que je vais faire, et personne d’autre.

Je fais mes choix, parfois à mes risques et périls, en mon âme et conscience.

Je fais de la photographie de paysage parce que ma première motivation, c’est de partir à l’aventure, avec mon appareil photo.

Le voyage est plus important que la destination. Le voyage commence dès que je sors de chez moi. Il prend tout son sens quand je me retrouve seul, dans la Nature, face à moi-même.

La Nature ne triche pas. Tout est réel.

J’éprouve alors un sentiment très fort, celui d’être complètement libre.

C’est un peu comme dans un livre dont vous êtes le héros. Je suis le héros de mon aventure.

La photographie est le médium que j’ai choisi pour exprimer ce que je ressens lorsque je suis immergé dans mes beaux paysages. Je m’en sers presque comme d’une excuse, une justification pour partir à l’aventure.

Parce que c’est ce qui prime : la découverte, le voyage.

 

  1. Acceptez d’échouer

 

préparer sortie photo
Photo Stef Kocyla

 

Vous savez ce qui provoque du stress ? Moi oui. Parce que je ressentais les mêmes choses que vous quand je préparais ma sortie photo.

Je m’attendais à quelque chose. J’avais une image précise en tête.

C’était un certain coucher de soleil, certaines couleurs, une certaine ambiance, certains reflets, certains nuages…bref je pourrai continuer comme ça longtemps.

Et forcément, la plupart du temps, je n’obtenais pas ce que je voulais, ce que j’espérais. Alors j’étais frustré.

Mais le jour où j’ai compris que ce n’étais pas moi qui commandais, ma vie de photographe a changé. Bon, ça ne s’est pas fait du jour au lendemain, mais aujourd’hui je suis détaché de ces attentes.

Parce qu’il s’agit bien de ça : des attentes.

Lorsque vous n’avez plus d’attentes, à part faire de belles photos, vous supprimez de l’équation les frustrations et le stress.

N’ayez pas trop d’attentes, parce que non seulement vous risquez fort d’être déçus, mais en plus vous vous priverez de beaux clichés. Pourquoi ?

C’est simple, quand vous portez des œillères, vous ne voyez pas ce qui se trouve hors de votre champ de vision pendant votre sortie photo.

Les attentes sont vos œillères.

Vous devez vous en affranchir pour espérer voir ce qui se trouve au-delà d’elles.

Avec ça, vient un état d’esprit, une philosophie même, qui peut vous changer la vie : acceptez d’échouer.

Nous vivons dans un monde où l’échec est mal vu, c’est quelque chose de honteux et il est surtout mal interprété. Oui parce qu’échouer ne signifie pas être perdant.

C’est juste une tentative ratée. Qu’il faut retenter.

Quand je pense à l’échec, je ne peux m’empêcher de penser à la vie d’un lion dans la savane. Savez-vous que 80% de sa vie est un échec ? Oui, il passe le plus clair de son temps à essayer d’attraper une proie. Et 8 fois sur 10, il manque son coup…

Est-ce que ça fait pour autant du lion un loser ? Pas vraiment.

À vrai dire, il n’a même aucun prédateur, à part l’Homme. C’est le Roi des animaux. Un animal respecté pour son courage et sa détermination.

Je compare souvent la photographie à la pêche. J’adore pêcher. Vous pouvez être seul dans la Nature, vous devez être patient, vous essayez de capturer quelque chose et vous pouvez rentrer avec une belle prise comme vous pouvez rentrer bredouille.

Seulement, lorsque je n’attrape rien, je n’ai pas pour autant perdu mon temps ou raté ma sortie photo.

J’ai avant tout passé un moment seul, dans la Nature.

Vous vous rappelez, c’est la première raison pour laquelle je fais de la photographie de paysage…

On en revient toujours aux fondamentaux.   

 

  1. Ressentez pour mieux photographier

 

En Provence
Photo Stef Kocyla

 

Lorsque je suis parti à l’aventure, dans la garrigue provençale, je me suis senti libre. Physiquement bien sûr, mais aussi psychologiquement.

Je n’avais pas de plans, tout était possible. J’étais un lion dans la savane à la recherche de sa proie. Haha c’est bon parfois de se croire plus fort qu’on ne l’est…

Bref, j’ai pris conscience d’une chose, que j’applique aussi lorsque je prépare ma sortie photo, mais pas de manière aussi consciente : j’ouvre en grand tous mes récepteurs.

Nous avons tous 5 sens. La sortie photo est le moment idéal pour faire appel à eux.

Soyez attentifs à ce que vous ressentez. Vos 5 sens doivent être en éveil.

Pour ceux qui pratiquent la méditation, vous savez ce que je veux dire. Vous êtes pleinement conscient de ce qui vous entoure et de ce qui se produit en vous.

C’est à ces sentiments que vous devez penser.

Lorsque j’étais dans les Dentelles de Montmirail, j’ai eu une impression de vertige, provoquée par la verticalité des Dentelles. Même si elles ne sont pas hautes en altitude, les parois sont tellement droites, tellement verticales que j’en ai eu le vertige.

La chaleur ambiante, le mistral, la poussière, les parfums des plantes aromatiques, le chant des cigales…Tout cela, et plus encore, a contribué à créer une ambiance particulière.

Je m’en suis servi pour faire mes photos et je m’en servirai encore lorsque je les éditerai.

La bonne photo, pour moi, c’est lorsqu’on a réussi à reproduire ou à convertir une image mentale en une photographie.

Le truc, c’est qu’il faut d’abord savoir ce que l’on ressent pour pouvoir l’exprimer sous forme de photographie.

Donc il vaut mieux ne pas faire beaucoup de photos mais faire des photos qui ont un sens pour vous, des photos qui expriment votre vision, plutôt que des photos de beaux paysages mais qui n’ont aucune signification.

Si vos photos veulent dire quelque chose pour vous, elles parleront aussi à d’autres.

 

  1. Prenez le temps

 

dentelles de Montmirail
Photo Stef Kocyla

 

Tout cela n’aurait que peu d’effets si vous ne faisiez pas en plus une chose essentielle.

Celle de prendre le temps. D’ailleurs, si vous ne l’avez pas déjà lu, prenez le temps de lire l’article que j’ai écrit il y a peu de temps : la seule manière de progresser en photographie.

Pourquoi vous dépêchez-vous ?

Pourquoi faudrait-il aller vite et se presser de faire des photos ?

Lorsque j’interroge les débutants et même certains pratiquants confirmés sur leurs principales difficultés, ils me répondent souvent qu’ils n’ont pas le temps.

Alors je leur réponds que le temps, ils l’ont, mais qu’ils ne le prennent pas.

C’est une nuance qui fait toute la différence. Parce que nous avons tous le choix. Toujours. Nos actes sont motivés par des décisions.

En fait, lorsqu’on me répond « je n’ai pas le temps », on me dit en fait « je ne sais pas comment prendre le temps ». La question qu’il faut se poser alors est « quel temps suis-je prêt à consacrer entièrement à ma sortie photo ? ».

La quantité de temps que vous consacrerez à votre pratique est crucial.

Inutile d’investir dans du nouveau matériel, un nouvel objectif aussi performant soit-il ne vous fera jamais autant progresser que des centaines, des milliers d’heures de pratique.

Investissez plutôt votre argent dans du temps. Achetez du temps pour progresser.

Je vous garantis que vous aurez un retour sur investissement bien plus important que n’importe quel autre.

 

Conclusion

 

Ces conseils sont aussi valables pour celles et ceux qui préparent bien leur sortie photo, ils ne sont pas contradictoires, au contraire.

L’idéal serait certainement de faire un mix des 2 techniques. Trouver un équilibre entre bien préparer sa sortie photo et ne rien préparer du tout.

L’une comme l’autre ne sont pas les meilleures, comme toujours, les extrêmes sont à proscrire.

Je serais curieux de savoir ce que vous en pensez, êtes-vous plutôt quelqu’un de super organisé, qui prévoit tout ? Ou bien quelqu’un qui se dit que le hasard fait bien les choses ?

N’hésitez pas à partager vos impressions dans les commentaires !

11 Comments

  • Olivier

    Hello Stef,

    Comme toi, je pense que les 2 sont compatibles, même « mixables ».
    Ce week-end, avec les grandes marées, je suis parti 2 fois sur la côte.
    La première, samedi matin, je savais exactement où j’allais, j’ai fait exactement ce que j’avais prévu de faire, et j’ai pu quand même profiter de la nature, écouter les vagues se briser sur les rochers, oublier de déclencher car captivé par le spectacle…
    Dimanche soir, je suis parti avec l’objectif d’aller dans Saint Malo même, avec une idée bien précise également pour travailler sur un thème précis. Arrivé sur place, je me suis cru à un concert de rock : du monde partout!!! J’ai pris mes jambes et mon appareil à mon cou et je suis reparti plus loin, où j’ai pris énormément de plaisir dans un lieu largement moins fréquenté, et tout aussi agréable (par contre pour mon thème, c’était fichu :D)

    Dans une sortie, le plus important, c’est de se donner le temps, ne pas se fixer d’horaire de retour (en comptant sur la compréhension de la famille), car quoi de plus frustrant que d’être en pleine nature, de profiter du moment (et accessoirement prendre des photos), et de se retrouver obligé d’abandonner ce moment magique pour rentrer?
    Le plus compliqué au début, pour moi, ça a été d’apprendre à gérer la frustration de rentrer « bredouille » (même si, profiter de la nature qui nous entoure est déjà un plaisir en soi) à cause des conditions pas au top, du manque d’inspiration du moment, de l’envie qui est partie en même temps que les kms défilaient…

    A++

    • Stef Kocyla

      Hello Olivier,

      merci beaucoup pour tes impressions, j’aurais fait pareil à ta place en voyant tout ce monde je crois ! Les grandes marées sont une très belle occasion d’explorer des coins sur la plage d’habitude inaccessibles, avec de nouvelles possibilités d’angles de vue. Il faudrait que je les mette à mon programme bientôt, tu m’as donné envie !
      En effet, je pense que les 2 approches sont mixables, et que nous devons être souple et savoir quand il faut davantage préparer nos sorties et quand il vaut mieux laisser plus de place à l’improvisation. Et pour cela il faut du temps, c’est vrai.
      À bientôt !

  • gobois64

    Bonjour Stef,
    je me retrouve en pleine symbiose avec le contenu de ton super article. C’est le sentiment de liberté qui prime dans ma passion photographique. La nature, le paysage ont tellement de choses à nous révéler que c’est toujours une joie de réussir qu’une seule photo à chaque sortie. Même quand les photos ne sont pas formidables le plaisir d’avoir pris son temps pour regarder notre environnement, pour découvrir un aspect caché m’habite et me laisse motivé pour une nouvelle sortie en billebaude !
    Merci Stef et bonne continuation !

    • Stef Kocyla

      Bonjour Gérard,

      merci infiniment, je suis vraiment content que mes impressions fassent écho à d’autres passionnés comme toi ! Il nous suffit parfois de peu pour passer un très bon moment, et en avoir conscience. Je mesure ma chance à chacun de ces moments…
      Bonnes photos dans ta belle région et à bientôt !

  • ~Bernard

    Superbe vidéo .les commentaires écrits sont encore plus juste.Lorsque je suis dans une ville que je ne connais pas j’aime me perdre dans les rues,et souvent les bonnes surprises sont au rdv.

    • Stef Kocyla

      Merci beaucoup Bernard, je suis vraiment content de lire votre commentaire, et comme vous, en fin de compte, je suis rarement déçu de mes explorations à l’improviste.
      À bientôt !

  • Titom

    merci bien pour tes photos et impressions laissées. Le ressenti, l’émotion de se retrouver dans des lieux où on se sent petit et grand à la fois. On respire , on découvre, on écoute, bref on s’imprègne de tout ce qui nous entoure car on s’efface pour mieux s’immerger dans l’élément, on fait partie prenante du lieu. Les Dentelles et bien d’autres sites inspirent la réflexion, le respect, la méditation. Quand tout cela fusionne, on sort l’appareil et les clichés se font d’eux mêmes. Merci de partager tes aventures, je m’aperçois que nous sommes certains à avoir traversé des moments difficiles et ensuite les priorités changent.
    Notre faculté d’observation et d’écoute sont décuplées et nous apprécions chaque petit détail que la vie nous offre. Et la photographie en fait partie. Que de plaisir à sortir avec son sac et son appareil, l’œil furtif aux aguets. J’ai quelques clichés faits avec mon petit compact sans prétention sur l’autre voie Lafare si tu veux que je te les envoie pour découvrir le trésor en réserve des lieux et l’ascension à découvrir avec ses cascades. Je les ai pratiqué pendant 7 ans dans tous les sens et installé des lignes de rappel et de sécurité. Bien à toi et encore merci du partage.

    • Stef Kocyla

      Merci beaucoup Eric,
      tu as tellement bien décris et résumé la situation que je n’ai pas grand-chose à ajouter…Je constate que nous partageons pas mal de choses, dont le goût pour ce beau petit massif ! Oui, j’aimerais beaucoup que tu me montres les photos côté Lafare, n’hésite pas à me les envoyer par email, j’irai dans ce coin-là la prochaine fois.
      Merci encore pour tes commentaires sur YouTube et sur le blog et à bientôt !

  • Nico

    Complètement en phase avec vos sentiments sur l’aventure et le besoin de rompre avec la routine. La phrase de Paulo Coelho résonne en chacun de nous, car elle souligne l’importance de s’aventurer hors de notre zone de confort pour vraiment vivre. La photographie, en particulier la photographie de paysage, est un moyen exceptionnel de se connecter avec la nature et de se retrouver. Bravo !
    Elle nous offre non seulement une évasion de la routine quotidienne, mais aussi une occasion de voir le monde sous un jour différent. La nature est, comme vous l’avez dit, pure et réelle, et pouvoir la capturer à travers l’objectif est vraiment une expérience transformante. Merci de partager votre perspective si profonde et inspirante. Cela rappelle à tous l’essence même de la photographie : capturer l’authenticité du moment. Si la nature est votre musée, la photographie est sûrement votre pinceau. Nicolas

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