Coronavirus
Philosophie

Coronavirus & Photographie : Ce que vous ne pouvez pas changer…

C’est arrivé au début du confinement. Il faut dire que je n’y attendais pas, à ce confinement. Ni aux autres conséquences du Coronavirus d’ailleurs.

Ou plutôt, je ne m’attendais pas aux conséquences à long terme qu’il aurait sur mon état d’esprit.

Je pensais pouvoir gérer plutôt bien l’enfermement, or pendant quelques jours, au début, j’ai mal vécu d’être privé de liberté. Voici pourquoi.

Comment mieux vivre le confinement dû au Coronavirus

Les premiers jours, tout se passait bien. L’effet de nouveauté du confinement m’a obligé à trouver de nouveaux repères, sur le plan professionnel et sur le plan personnel. On avait une solution pour endiguer l’épidémie du Coronavirus. Sur le plan professionnel, le changement s’est très bien fait, et très rapidement. Mais sur le plan personnel…

Je me souviens encore : fin mars, la dernière neige de l’année tombait sur le Luberon. Le Luberon sous la neige, ça n’arrive pas tous les jours… Derrière ma fenêtre, je ne pouvais qu’imaginer ce que je manquais, aux milliers de photos exceptionnelles que j’aurai pu faire…

Avec le printemps, les belles journées sont rapidement arrivées, et la saison des fleurs a débuté… sans moi. Coincé derrière une vitre, je voyais les fleurs du jardin s’ouvrir les unes après les autres. Et je pensais aux cerisiers. Ils allaient bientôt fleurir, et je ne serai pas là…

Heureusement, j’avais déjà pu photographier les amandiers en fleurs, avant le confinement, quel bonheur.

En Provence, le printemps est une très belle saison, humide et tempérée. La végétation est verte et les fleurs sauvages parsèment le paysage. Après, c’est l’été, chaud et sec. Le paysage jaunit et se dessèche.

Le résultat, c’est que progressivement des frustrations sont apparues à cause du Coronavirus. Je ressentais un sentiment de gros gâchis en moi. À cause d’un satané virus qui pourrissait la vie de tout le monde… Je savais que je ne pouvais en vouloir à personne.

Et puis, fatigué par les heures derrière mon écran, j’ai repris mes lectures. L’une d’entre elles a changé ma façon de voir les choses, et a fait disparaître mes frustrations : les lettres à Lucilius de Sénèque.

Une leçon de stoïcisme

J’avais déjà lu cet ouvrage, et je connaissais le stoïcisme. Je m’en inspirais régulièrement pour affronter certaines choses de la vie. Je savais qu’en relisant les paroles sages des Stoïciens, je trouverai la clé de mes chaines.

Certaines lectures devraient être remboursées par la Sécurité Sociale. Moins de médicaments et plus de sérénité.

Pour faire court, le stoïcisme nous enseigne qu’il existe des choses qui dépendent de nous, et d’autres, beaucoup d’autres, qui ne dépendent pas de nous.

La crise du Coronavirus, ou Covid19, en est une. Cela ne dépend pas de nous. Le confinement ne dépend pas de nous, en tant qu’individu. Nous n’y pouvons rien. Nous ne pouvons que le comprendre.

Pour les Stoïciens, comprendre le monde, c’est l’accepter. L’accepter au plus profond de soi-même.

Ce qui me fait penser à la Weltanschauung. Ce terme allemand, intraduisible en français, désignerait une conception du monde, mais aussi la manière dont on perçoit le monde. Le psychiatre suisse Carl Gustav Jung explique qu’avoir une Weltanschauung, c’est se former une image du monde et de soi-même. Savoir ce qu’est le monde, et savoir ce que l’on est. C’est avoir une connaissance profonde du monde.

Je ne peux donc qu’accepter le monde tel qu’il est. Je ne peux pas le changer. L’angoisse, la colère, la peur sont des manifestations de la non-acceptation de ce monde.

Ce sont des émotions, que les stoïciens appellent des « passions », que nous subissons. En effet, si nous éprouvons ces émotions, c’est parce que nous ne contrôlons pas nos pensées.

 

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Photo Stef Kocyla

Pour citer Yoda : « La peur est le chemin qui mène vers le côté obscur… La peur mène à la colère, la colère mène à la haine, la haine mène… à la souffrance ».

Une grande partie de nos peurs proviennent de projections mentales que nous faisons. Nous vivons soit dans le futur, soit dans le passé, mais très rarement dans le présent.

En fin de compte, je ne peux donc que comprendre cette crise sanitaire, je ne peux que l’accepter, et il ne sert à rien d’avoir peur, d’être en colère, ou de se sentir frustré. C’est quelque-chose qui ne dépend pas de moi.

D’ailleurs, mon article et ma vidéo « Comment éviter les déceptions en photographie » sont inspirés du stoïcisme.

Ce que nous enseignent les stoïciens, c’est d’essayer d’être impassible. Impassible veut dire « sans passions », « sans émotions ». Mais attention, comme le dit James Pierce, « Être stoïque, ce n’est pas être dépourvu d’émotions, être stoïque, c’est ne pas se laisser affecter par ses émotions« . Grosse différence.

Nous ne devons donc pas chercher à changer la réalité, mais la manière dont nous regardons la réalité. Nous devons donc nous libérer de nos émotions. Nos émotions nous empêchent d’être libre.

Conclusion

Voilà, lire et relire régulièrement les philosophes de l’Antiquité dans des moments extrêmes, inédits, est un très bon moyen de les appréhender avec sérénité. Pas besoin d’anxiolytiques…

Cet article se voulait d’être philosophique avant tout, parce que je suis convaincu que si le stoïcisme m’a aidé, il peut en aider certain(e)s d’entre vous aussi. D’ailleurs, n’hésitez pas à partager dans les commentaires ce qui vous a aidé à traverser ce confinement et à gérer la crise sanitaire.

Pour la partie photo, tout est dans la vidéo, je vous emmène chez moi en Provence, dans le Luberon, au milieu des coquelicots.

4 Comments

  • Olivier

    Hello Stef,
    Magnifique, la dernière photo du champ de coquelicots! La lumière et les couleurs du ciel, c’est magique.

    Content de voir que le confinement t’a malgré tout apporté quelque chose de positif.
    Même sentiment de frustration au début, que j’ai chassé non pas par la lecture de Sénèque (mais je note le conseil de lecture!) mais par la découverte de la macro dans mon jardin.
    Passer de l’infiniment grand avec les paysages à l’infiniment petit avec la macro, c’est un sacré choc. J’ai eu du mal à adhérer au début, et à force de pratique (7 ou 8 week-ends, ça permet de se faire la main!), j’ai pu en ressortir du plaisir malgré tout, une fois accepté le fait que j’allais balancer 95% des photos que je prenais (comme quoi on se crée quelquefois ses propres frustrations), et que démarrer par du statique (les plantes) au lieu de tenter les bestioles dès le départ, c’était une bonne idée.
    Concernant le confinement, je me suis surpris à ne pas avoir peur (alors que je fais parti des sujets à risques, comme ils disent), j’ai réussi à me détacher des angoisses, prendre mon mal en patience, et rentrer en moi même pour faire un peu de ménage dans ma tête 🙂
    Le stoïcisme, ça se rapproche un peu du bouddhisme en termes de détachement émotionnel, non? C’est en tous cas l’impression que j’ai eu en regardant ta vidéo et en lisant ton article.

    Le déconfinement par contre, pour la photo, c’est moins bien : il y avait foule à 6h ce matin sur mon « spot » du jour, alors qu’en temps normal, à part 2 ou 3 joggers, je ne vois personne. Si ça peut amener des gens à se rapprocher de la nature, tant mieux cela dit.

    A++

    Olivier

    • Stef Kocyla

      Salut Olivier,
      merci beaucoup pour ton message, j’ai patienté quelques jours pour obtenir cette belle lumière, mais je suis satisfait du résultat. Oui, me replonger dans le stoïcisme m’a fait du bien, il ne faudrait pas que j’attende une crise pour me décider à me rafraîchir la mémoire… Effectivement stoïcisme et bouddhisme ont des points commun, mais le bouddhisme vise une extinction de l’ego alors que le stoïcisme ne le considère pas comme néfaste. Bref, content d’apprendre que tu t’es amusé avec la macro, tant mieux ! J’aurai bien essayé mais je n’avais pas de matériel approprié…
      Je vois que les spots naturels sont pris d’assaut par les citadins, cela ne me surprend pas après autant de temps confiné dans du béton…Peut-être le changement de modes vie pour certains…?

      Prends soin toi et à bientôt !

  • nassim95v

    Bonjour STEF

    j’ai adoré ce pti coin la est ce que tu peux me dire ou exactement si tu as les coordonnées GPS c’est top

    • Stef Kocyla

      Bonjour Nassim,
      oui cet endroit est merveilleux, voici les coordonnées GPS : 43°42’10.0″N 5°33’09.0″E. Il faut savoir que les champs de coquelicots changent de place tous les ans, c’est une nouvelle chasse chaque année !

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